(texte reçu les 13 et 15 juin 2008 par le net.)
Si un ancien ou une ancienne souhaite laisser un message à Josiane Bourgeon-Austruy voici son adresse : antispamjosiane.bourgeon.austruyantispam@orange.fr
le 13 juin 2008 à Philippe,
Avec quelle émotion j'ai découvert aujourd'hui le site consacré à notre maison de Sèvres ! La même émotion qui m'avait fait étouffer de larmes quand, un jour de 2001, étant de passage à Paris, j'avais fait un petit détour par la rue Croix Bosset à Sèvres pour y découvrir une école moderne à la place de la grande bâtisse que j'avais gardée en mémoire.
J'ai passé l'après-midi à "éplucher" le site, à lire les témoignages des uns et des autres, à scruter les visages sur les photos pour tenter d'en reconnaître quelques-uns. J'ai réussi pour certains, et je me suis même reconnue sur l'une d'elle ! J'ai aussi entendu , mais avec quelle émotion une fois encore !, la voix de Goëland, lu qu'elle avait reçu les honneurs qui lui étaient dûs en étant notamment reconnue comme faisant partie des Justes par la nation Israëlienne : c'était une question que je me posais depuis si longtemps, l'avait-on distinguée oui ou non ? Me voilà rassurée.
Plus de 50 années ont passé depuis que j'ai quitté Sèvres, mais les trois années passées dans cette grande famille dont ton frère Jean-Paul et toi-même avez fait partie, m'ont profondément marquées. J'y ai appris tant de choses, mais surtout le respect de l'autre et de sa différence, si différence il y a... et ce sentiment ne m'a jamais quittée.
Je cache quelque part, au fond d'une boîte en carton, le dernier journal que j'avais reçu de la maison de Sèvres. Il est tout jauni et c'est toujours très religieusement que je le relis de temps à autre, en me traitant de sotte quand je ne peux retenir mes larmes. Aujourd'hui je constate que cette grande famille nous a tous profondément marqués, et je me sens un peu moins seule. Chacun de nous a fait sa vie, l'a réussie à sa façon, nos chemins se sont séparés mais en ce qui me concerne j'ai souvent pensé aux uns et aux autres : que sont-ils devenus ? Michel Germain, Yvette et Viviane Dumont, François Perrin, Monique Kreps, Edwige Tran Van, Georgette Jousselin, Edouard Grams, Jean-Jacques Fauvergue, Colette Gonzales, Jean-Claude Lebas, et tant d'autres ...
Bravo pour votre initiative, vous les "anciens" qui avez créé ce site et cette association, c'est du pur bonheur.
très amicalement,
le 15 juin 2008 à Robert,
Josiane peint délicieusement et décore des objets usuels (voir: http://bourgeon.allmyblog.com/)
Voici comment ai-je trouvé le site de la maison de sevres ? c'est le hasard : j'ai vu une petite fille nommée Lotta, ce qui m'a amenée à rechercher sur le Web s'il y avait un site parlant de Madame Lotta Hitschmanova, et je l'ai trouvé. J' ai alors pensé qu'il en existait également un parlant de Madame Yvonne Hagnauer, je l'ai trouvé et voilà, c'est tout bête; c'est alors je me suis régalée à le consulter et à l'éplucher pendant des heures, très émue par tout ce que j'ai pu lire. J'y ai passé la moitié de la nuit.
En fait je suis arrivée à Sèvres en Octobre 1954 pour intégrer la classe de 5°, et je suis partie après le BEPC en Juin 1957. Inutile de te dire que ces trois années m'ont très fortement marquée comme chacun d'entre nous. J'ai connu Philippe FLEUTOT et son frère Jean-Paul qui y étaient en même temps que moi.
Je me suis vue sur une des photos choisies par Danielle (C 15), à la quatrième page, derrière la très jolie Esmeralda (Aline Hadji Ben Ali) une tète dépasse juste au dessus de ses mains qui tiennent un petit tambourin : la jeune fille avec un bonnet qui baisse la tête c'est moi. Il s'agissait d'un spectacle reconstituant la vie au moyen âge, devant des décors représentant des maisons à colombages ; clou du spectacle : un garçon qui récitait la Balade des Pendus de François Vilon, dans un silence à couper au couteau, dans la pénombre avec pour seul éclairage des lampes judicieusement placées qui éclairaient les fenêtres à l'arrière du décor. "Frères humains qui après nous vivez, n'ayez vos coeurs contre nous endurcis..." c'était poignant !
J'aurai bien sûr beaucoup de choses à raconter ! trop pour m'étendre plus longtemps sur un simple e-mail. Quelques bribes pourtant :
quand j'étais en cinquième, notre professeur de français avait été absente quelques temps. Pour la remplacer, nous avons eu Pingouin en personne : c'était un régal. Il nous a fait notamment étudier "Notre-Dame de Paris" sous les yeux d'un Victor Hugo représenté en médaillon, lequel était pendu au mur juste derrière nous. J'aurais aimé que notre professeur ne revienne jamais ...
J'ai lu aussi sur le site "le secret du buffet" du château de Bussières . Nous en avions un aussi à Sèvres, et nous faisions nous aussi des excursions nocturnes dans la cuisine. Je me souviens d'une énorme poêlée de pommes de terre sautées que nous avions fait cuire au beau milieu de la nuit ! Le lendemain matin, nous nous sentions un peu lourds au réveil ... Quant au secret du buffet c'est bien simple : nous enlevions un des tiroirs et passions le bras pour débloquer la clanche qui retenait la porte, sans oublier bien sûr de remettre tout en place avant de retourner nous coucher.
Autre souvenir savoureux: Noël.
Nous écrivions une lettre pour exprimer nos souhaits quant aux cadeaux que nous aimerions recevoir. Chaque année je demandais un pantalon : je rêvais de posséder un tel vêtement, mais je n'en ai jamais reçu ... Un des "petits" a eu plus de chance que moi: il a demandé "un grand sac de tartines grillées", et il l'a eu ! Il faut dire que les tartines grillées étaient réservées aux enfants qui étaient au régime (?), les "grands" arrivaient à en glaner quelques unes mais les petits n'avaient aucune chance ! Nous étions pourtant particulièrement bien nourris, mais la gourmandise n'est-ce pas ...
J'arrête là mon énumération.
Josiane BOURGEON-AUSTRUY,
(à Sèvres, rue Croix-Bosset, de 1954 à 1957).
Lire aussi deux témoignages sur la Maison :
En 1946, nous étions trop désorientés, mon frère et moi… (extraits du livre "Un arbre en Israël" de Gilbert Martal),
…Elle restait là des heures entières… (extraits du livre "Une fille sans histoire - roman" de Tassadit Imache).
et
Une école pas comme les autres - (1971-1974) - Annie Labbe
La Maison de Sèvres et les cadeaux de son enseignement - (1945-1949) - Michel Leleu
Jeannine se souvient - (1947 - 1950) - Jeannine Granvilliers