(message reçu le 15 février 2005 par le net)
Si un ancien ou une ancienne souhaite laisser un message à Julia Sabot-Favre voici son adresse julia.favre@tiscali.fr
« Tout commence en 1971, un an après la mort de papa. Maman restée veuve à 40 ans avec trois enfants à charge ce n’était pas évident, elle qui nous avait élevées durant toutes ces années, faisant quelques heures de ménage par semaine, n’ayant jamais travaillée à l’extérieur. La société où travaillait Papa depuis de nombreuses années, lui a proposé en emploi. Pour ma part, j’avais à la sortie du cm2 passé un examen d’entrée en 6ème, réussi de justesse, j’ai donc intégré le collège. Toutefois, les résultats n’étant pas brillants, maman a décidé de me mettre en pension. »
« C’est avec tristesse que j’ai du quitté ma famille, quelques jours avant la rentrée des classes de septembre c’était en 1972. En effet, les nouveaux étaient priés d’intégrés le Château avant les anciens qui eu étaient déjà dans leur univers. »
« Maman m’a donc accompagnée, nous sommes entrées dans cette cour immense. Il me semble que c’était un dimanche, nous avons été accueillies par Orchidée qui dirigeait l’ensemble de l’institution. Puis Maman est partie et je suis restée seule avec les nouveaux et une monitrice du nom de Pénélope. (L’ensemble des moniteurs, monitrices, infirmière, etc. … avait un totem). »
« Le château me paraissait immense et la visite interminable. J’ai intégré un grand dortoir, avec de grandes fenêtres, mais personne dedans !!! »
« Quelques explications furent données. Par exemple, chaque dortoir était de tartines pour une semaine, sans oublier le grand tableau dans le réfectoire où était répertorié l’ensemble des élèves, mais pas moi, je n’y étais pas. J’ai donc été chanceuse, mais Mme Renée s’en est rendu compte, mais très tardivement donc j’ai échappé à cela durant des mois. Pour débarrasser chaque soir et aider Mme Renée qui était si gentille, c’est elle qui faisait la réception des plats et qui nous les donnait. Chaque table se devait de regrouper assiettes, verres, couverts, etc.… et les élèves de service ramassaient, rapportant ainsi le chariot pour aller dans la cuisine au lavage. »
« Ah cette cuisine, qu’elle était grande. Ces dames qui préparaient tous les repas. Donc le matin nous étions de tartines, table de six, de huit etc. … que ça sentait bon le pain frais. Ces tartines que nous trempions dans notre café au lait ou le chocolat. »
« Les anciens sont arrivés, ils avaient leurs habitudes, place du lit dans les dortoirs, casiers, etc. … nombreux sont ceux qui étaient là depuis des années, ils avaient donc des repères, connaissaient l’ensemble des moniteurs, etc. »
« On essaie de faire connaissance, mais pas simple du tout. Ce pensionnat était mixte, les garçons d’un côté (dans l’annexe jouxtant le château), les filles de l’autre (dans le château) et cette année là il n’y avait pas beaucoup de nouveaux, tout le monde se connaissait. Ravis de se retrouver pour cette nouvelle année scolaire. »
« Premier jour de classe, j’étais en 4e PP. Au premier étage du bâtiment qui se situait le long de la rue. Pas beaucoup d’élèves dans la classe, mais deux garçons quand même et puis les filles qui souhaitait se diriger vers le métier de puéricultrice. Cette classe n’était pas comme les autres, nous avions cuisine (avec ?), tissage avec Simone, couture avec Bengali, et notre professeur Camélia, qui nous enseignait toutes les autres matières. »
« CUISINE : cela durait la matinée, nous avions chacun une tâche, aller chercher en cuisine les ingrédients, par rapport au menu établi par notre professeur, puis nous étions répartis en groupe, entrée, plat, dessert. C’était super car nous mangions ce que nous avions préparé. Bon d’accord peut-être pas toujours réussi, mais mon mari et ma fille ne s’en plaignent pas, car aujourd’hui j’adore cuisiner. »
« COUTURE : alors là, c’est la cata même aujourd’hui, car ce n’est pas mon truc au grand désespoir de mon mari, si Bengali savait ça, mon dieu, enfin nous avions des machines à coudre. Dans cette grande salle à côté de notre classe. En fait, nous devions avoir tout l’étage. Vu le matériel à notre disposition. Alors, nous avions en charge de coudre du tissu, au départ un carré et puis il fallait coudre en tournant jusqu’au centre. Si ce n’était pas droit, il fallait découdre et recommencer. Mais avant tout, il y avait l’échauffement des doigts que nous faisait faire Bengali, c’était drôle mais efficace. »
« TISSAGE : Avec Simone, alors là un grand moment, devant les métiers avec les pédales numérotées. Simone préparait chaque métier pour chaque élève et puis nous avions une feuille attachée devant nous avec des numéros, en appuyant sur les pédales et en passant les fusettes de laine, cela finissait par nous donner un motif. Que c’était bien. »
« CROCHET : Nous faisions des carrés, que nous avons vendus lors de la kermesse de fin d’année. »
« ACTIVITES : Chaque mercredi ou jeudi, je ne me souviens plus des jours libérés, mais peu importe, car nous avions différentes activités que nous pouvions choisir. Déjà le matin, gym, volley, hand, etc.… nous faisions des roulements, déjeuner et puis l’après-midi nous avions de multiples choix, perles, tissage, couture, danse folklorique russe, poterie, musique, c’était génial pas une minute de perdue, j’ai pu fait ainsi des colliers de perles, du solfège et de la danse folklorique, mais attention là il y avait déjà un groupe de fait pour danser lors des différentes représentations. Je ne me souviens plus de la prof., enfin de son prénom. Il me semble qu’elle avait un accent d’ailleurs, elle était géniale. »
« Un des particularités, était que nous ne sortions que tous les 15 jours, donc 1 samedi sur 2 il y avait chorale, la aussi ce fut un grand moment. Au fur et à mesure du temps et des chants appris, mon cœur battait et la chair de poule apparaissait. L’orchestre nous accompagnait également. Et puis il y a eu le voyage de la chorale à Tours, dont j’ai eu la chance de faire parti. Il me semble que quelques-uns sont partis en train et les autres en car. »
« C’était à l’Université… C’était super. »
« VOYAGE À BORDEAUX : La classe dans laquelle j’étais a eu la chance de faire une classe découverte. Je me souviens que nous avons été hébergés dans des auberges de jeunesse, pas trop de souvenirs. Par contre, je me souviens que nous avons visité une forêt de pins avec la récolte de résine, et encore mieux une usine de fabrication de papier kraft à "Facture" (c’est la ville ou est l’usine). Qu’elle odeur nauséabonde, je me rappelle de Camélia qui nous faisait la morale en nous demandant de bien nous tenir, mais c’était plus fort que nous, nous mettions nos mains devant notre visage tellement l’odeur était insupportable. »
« Le voyage fut très intéressant, en rentrant nous avions chacun une tâche à accomplir. Pour ma part, j’ai choisi de faire un tableau représentant la récolte de résine. Je suis donc allée durant plusieurs semaines en poterie, car le tableau que j’ai fait était en relief avec des pins et des pots de résine. J’aimerai bien savoir ce qu’est devenu ce tableau d’ailleurs, a-t-il été exposé comme prévu ? »
« DEJEUNER et DINER : Le réfectoire était grand, au fond le midi les professeurs, le soir les moniteurs. Quel bruit, alors une fois que le bruit était trop fort, une personne levait le doigt, moniteurs ou élèves, pour demander le silence. Tout le monde levait le doigt au fur et à mesure et le silence s’installait. Plus un bruit, plus une parole, plus un son, le silence total. La personne qui avait demandé le silence allait retournait à sa place et nous recommencions à parler, en faisant attention que le son ne monte pas trop fort, sinon nous recommencions le même scénario. »
« BABETH : La Monitrice en charge de notre classe, s’appelait Babeth, chaque soir elle nous attendait à la sortie de la classe avec un grand panier contenant notre goûter, pain et chocolat, hum que c’était bon. Elle était si gentille. Après un moment de défoulement dans la cour, nous retournions dans notre classe pour faire nos devoirs avec Babeth bien sûr, qui restait avec nous. Parfois, elle nous faisait la lecture, car dans notre classe nous avions un coin avec des casiers pour ranger nos cahiers, livres, etc.… et des coussins pour nous asseoir avec des ouvrages à disposition. Nous adorions qu’elle nous fasse la lecture, elle y mettait si bien le ton que nous étions tous en extase et nous disions encore, encore. Je garde un bon souvenir. Il me semble qu’elle attendait un bébé. Il me semble même qu’elle nous avait amené un jour chez elle à Meudon ou Sèvres, nos parents n’étaient pas venus nous chercher et nous sommes restés tout le week-end au pensionnat. »
« THEATRE : Je me souviens que j’ai participé à une pièce de théâtre que nous avons joué devant les parents. J’étais la secrétaire, nous avions enregistré dans le bureau de Musaraigne, la frappe de sa machine pour que le son reflète le mime que je faisais. »
« Ah que de bons souvenirs. Je dois en oublier certainement, mais je vais m’arrêter là pour aujourd’hui, il faudrait faire une thérapie pour se souvenir de tout. »
« Quelques totems : Mimosa, Pénélope, Domitien, Camelia, Bengali et bien d’autres qui sont déjà sur la liste sur le site. »
« Quelques noms : Jean-Marie B., Christophe A., Jean-Paul M., Dominique R., Martine S., et d’autres bien sûr. »
« Dommage qu’il n’y ait pas les noms sur le site par année. Je sais que c’est difficile, mais si j’avais la liste sous les yeux, d’autres souvenirs me reviendraient en mémoire. »
« Je suis resté deux ans en pension, je me suis toujours demandé pour qu’elle raison je n’avais pu rester dans celle-ci, il a fallu que je parte à Montlhéry dans une pension privée et là croyez moi, ce n’était pas le Pensionnat de la Rue Gustave Eiffel, qui était le PARADIS, mais plutôt l’enfer. »
« Je garde et garderai toujours en moi un excellent souvenir de ces années passées là-bas. C’est rigolo, car un soir j’en ai longuement discuté avec ma fille, c’était il y a environ un mois. »
Julia Sabot-Favre
Lire aussi deux témoignages sur la Maison :
En 1946, nous étions trop désorientés, mon frère et moi… (extraits du livre "Un arbre en Israël" de Gilbert Martal),
…Elle restait là des heures entières… (extraits du livre "Une fille sans histoire - roman" de Tassadit Imache).
et
Une école pas comme les autres - (1971-1974) - Annie Labbe
La Maison de Sèvres et les cadeaux de son enseignement - (1945-1949) - Michel Leleu
Jeannine se souvient - (1947 - 1950) - Jeannine Granvilliers