(message reçu le 2 mars 2005 par le net)
« Bonjour, »
« Depuis quelques jours, je visite, découvre et redécouvre le site. Je suis émue et très surprise.
« Je vais essayer d’être brève :
« Je m’appelle Zora. J’étais interne à Sévres de 1963 à 1967 de la 6ème à la 3ème, grâce à Azur qui enseignait aussi le dessin dans mon école au nord de Paris, et, connaissant mon intérêt pour sa discipline, m’a prise un jour sous son bras pour une visite de la Maison. »
« J’ai préféré (à mes parents) une éducation originale et exceptionnelle, la rencontre de gens doués et dévoués, la vie collective (la pension !). »
« J’ai vécu heureuse dans cette seconde famille généreuse et gaie. »
« Je me suis investie avec d’autres artistes en herbe, dans une incroyable production « d’œuvres » diverses : dessins, peintures, céramiques sous la houlette de Azur et de Gisèle. Qu’est devenu ce « patrimoine » ?.
« La musique et le chant tels qu’enseignés à Sèvres, étaient pour moi une source de plaisirs et d’émotions. Le talent de Granit et Gazelle a été de nous proposer un répertoire des plus variés et de nous amener intelligemment vers la musique classique à travers les voix des Single Swingers, ou les interprétations jazz de J. Loussier (?) puis enfin vers Bach, Mozart, découverts en 6éme dans l’intimité de la bibliothèque. Et cet enthousiasme général pour la musique concrétisé par la chorale comme l’élément fédérateur, le symbole de cette Maison. Le premier jour en chorale au milieu des plus grands, ça a été le déclic pour cette maison, une fierté d’en faire partie. »
« S’il fallait aujourd’hui chanter avec les anciens, je n’hésiterai pas ! »
« Je me souviens de nos sorties parisiennes au théâtre, au concert, au musées avec nos feuilles de dessin sur petites tablettes de bois, gomme et crayon accrochés, pour « croquer » un sujet et le reproduire en atelier, prendre des notes… On nous proposait une approche concrète du sujet et à la clé le plaisir de la découverte. (certains doivent se rappeler encore d’avoir assister à une opération à cœur ouvert à l’hôpital Broussais … approche concrète et parfois même traumatisante !). »
« Avec toute cette matière généreusement fournie, nous avons travaillé comme des pros. »
« J’ai une grande nostalgie de cette enfance, de cette maison, grouillante d‘activités et de projets. »
« Il y a quelques anciens pour échanger les souvenirs et en rire, et discuter de cette éducation. Je suis en contact avec Danièle Bendaoud-Lewis depuis Sèvres. Il y a maintenant l’association et son site. Merci et ma reconnaissance à ceux qui s’y sont investis. »
« J’ai connu Jabiru et son petit musée de Guiry en Vexin. Lorsqu’elle n’en pouvait plus, elle tirait (sans nous faire mal bien sûr), sur les joues des élèves trop excités Elle nous « défigurait » devant les copains. C’était efficace pour quelques instants de paix. Avec Jabiru, il a fallu réapprendre à écrire en 6ème. Les premières semaines, avoir une maîtrise parfaite du script était un vrai calvaire. C’était de loin, le prof. qui nous a le plus marqués (pas seulement les joues). C’était sa Maison, ses enfants. Super Jab ! »
« Et aussi Sauterelle, la belle et mystérieuse Azyadée, Orchidée, Corail que l’on craignait tous, Oméga (Prof de Maths), et bien sûr Azur, Gisèle et ses projets ambitieux, le folklore de Francine et le club de sport de Sirocco… »
« Que sont-ils devenus ? Gisèle, Azur , Jabiru ? et les autres ? »
« Qui était cette élève qui se lançait, en solo, dans un chant coréen (en coréen), juste avant le dîner ?. Elle était aussi flûtiste. Nicole Infanti ? Tous debout dans le réfectoire, le chant nous ramenait au calme. Et nous terminions par un « Là haut la cloche appelle ». »
« Mes amis de classe : Ghislaine Carita, Christiane Durafour (elle recherche ses anciens amis), Nicole Bernard , Jeanine Demarquette, Annie Bendaoud, Bernard Huck, Maria, Michèle Mercier, Josiane Mokkedes, Monique Turcat, …et d’autres. »
« Et aussi Danièle (Bablon peut-être ? était petite, blonde, très sympa) et Malika. »
« Après ces quatre années, il a fallu faire sa route avec le sentiment d’avoir eu beaucoup de chance. Un grand merci à Goéland et à Pingouin. »
« Hors de cette grande maison, sans ses membres qui nous ont guidés et tellement appris, comment réussir, s’épanouir à l’extérieur ? »
« J’ai abandonné les études après une orientation que je n’avais pas demandée (dessin indus !!!), Je ne comprenais pas qu’il fallait travailler les cours, réviser, potasser des sujets abstraits… »
« Je rêvais de partir à l’étranger, de m’engager pour la bonne cause comme Mme Lotta ou les « Volontaires du Progrès » qui étaient venus nous parler de leurs actions… »
« Je suis partie pour une cause bien moins noble. Le temps a passé. J’ai fait ma route avec souvent à l’esprit les images de cette période particulièrement heureuse. Mes propres enfants en on t-ils un peu bénéficié ? »
« J’ai malheureusement peu de choses matérielles à vous proposer pour l’expo de Juin prochain : deux petites photos de voyages en Suisse et en Bretagne avec quelques élèves et un texte de Gazelle « les jambes », recopié par une élève, Jeanine Demarquette ?. J’ai aussi un disque enregistré à la Sorbonne avec deux chants : un negro spiritual et un chant italien : « Matona mia cara »), mais quelque part dans mon sous-sol. »
« J’attends votre réponse avec impatience. »
« Très cordialement. »
Zora
Le 3 mars 2005
Lire aussi deux témoignages sur la Maison :
En 1946, nous étions trop désorientés, mon frère et moi… (extraits du livre "Un arbre en Israël" de Gilbert Martal),
…Elle restait là des heures entières… (extraits du livre "Une fille sans histoire - roman" de Tassadit Imache).
et
Une école pas comme les autres - (1971-1974) - Annie Labbe
La Maison de Sèvres et les cadeaux de son enseignement - (1945-1949) - Michel Leleu
Jeannine se souvient - (1947 - 1950) - Jeannine Granvilliers