(message reçu le 28 février 2005 par le net corr. 23 avril 3013)
Si un ancien ou une ancienne souhaite laisser un message à Danielle Lewis Bendaoud voici son adresse antispamdanylewis@hotmail.fr
« Chers amis, »
« Formidable !!! ce site est vraiment formidable. Je l'attendais depuis tellement longtemps. Il ne se passe pas un mois ni même une semaine sans que je ne pense à Sèvres. »
« Ma période début 53 (j'avais 4 ans) à mi-63 ou 64 fait que j'y ai tout appris. La liberté d'abord, l'indépendance d'esprit et surtout un indéfectible ancrage à gauche, quasi physiologique. »
« D'abord héritage de Pingouin un peu anarchiste, fervent admirateur de Georges Brassens. Nous l'admirions tous, il était moins présent, mais je me souviens de son érudition. Il connaissait tout de l'histoire de Paris et nous racontait, lors de nos sorties, les portails anciens, les églises et Saint-Julien le pauvre, Cluny, la rue du chat-qui-pêche... N'était-il pas enseignant rue de pont de Lodi ? »
« Et Goéland qui montrait très peu ses sentiments mais il émanait d'elle une immense sensibilité. Goéland et son grand chandail rouge aux poches pendantes... Goéland apprenant à conduire sa première voiture dans la cour du château... Goéland et Andromaque, Goéland nous mimant " three men in a boat " ou encore l'histoire des " apple dumplings " durant ses cours d'anglais, c'était épique et inoubliable. »
« Le site de Jabiru m'a beaucoup émue. J'y ai retrouvé toute ma génération d'enfants, et même ma prose... Jabiru et ses "moyens", Jabiru et les marionnettes : Je ferme les yeux, je compte jusqu'à 3 : 1, les moyens dépêchez vous de ranger, 2, les moyens...etc... que ne lui en avons-nous pas fait voir à Jabiru ! Jabiru et les grands reportages de Match qu'elle nous montrait chaque semaine pour que nous suivions l'actualité du monde, la science, la vie. Et nous chahutions, elle nous mettait à la porte . Que ceux, qui avec moi, ont attaché le petit chien " méchant " de Goéland sous son bureau se souviennent... »
« Les punitions consistaient à être envoyé dans une autre classe avec pour devoir de rédiger l'histoire de nos méfaits à faire signer par Goéland. Elle accompagnait presque systématiquement, sa signature d'une claque molle, surtout pour les premiers. Mais son humour et son respect du verbe faisaient qu'elle appréciait tout devoir bien fait, fût-t-il une punition, et je la revois nous lisant le texte, trop bien écrit par René Delbès peut-être, relatant le bizutage chez les garçons...- qui a par ailleurs été réprimé -. »
« Je me souviens du Mime Marceau qui, devenu célèbre, était venu nous raconter son histoire à Sèvres. Puis, après une superbe représentation, il nous a fait chanter, sous sa conduite " Le large Dniepr " dont il me reste encore quelques paroles. »
« Je me souviens de Gazelle et de l'Air du Temps, dont elle était imprégnée et qui flottait comme un halo autour d'elle. Même nos devoirs rendus avaient son parfum. Et des prouesses qu'elle obtenait de nous. Notre chorale dont nous étions si fiers au théâtre des Champs Elysées. Je crois même me souvenir que nous avons chanté pour le théâtre, peut être pour une pièce de Jean Genet ?... »
« Je me souviens avec émotion de la rue de la Croix-bosset Là haut là haut la cloche appelle...., de l'allée des tilleuls et de nos concours de jardins; du chant des tourterelles qui nous réveillait le matin; d' Akela et de Bagheera qui étaient mes premières monitrices; de Colibri, mon institutrice, de Plumette aussi, la première; de Sauterelle (je crois) qui avait un petit garçon qui arrivait tout propre le matin, inondé d'eau de Cologne; des mariages des anciennes qui étaient de vraie fêtes et qui, à nos yeux, étaient tellement gâtées... Je me souviens du mariage de Fortunée, entre autres, parce que sa sœur Nina, était une copine; de M. Marie et de son atelier qui cachait un vélo, que nous lui empruntions en douce pour apprendre à pédaler (avec Scarlett et Marie-Armande); de la pelouse ronde et de la pelouse aux grillons du Parc de Saint-Cloud tout proche; de la porte Brancas combien de fois y ai-je par la suite emmené mes enfants ; du mur sur lequel nous montions et que nous longions presque jusqu'à Marne-la-Coquette non sans le sauter parfois pour aller " piquer " des noix dans les jardins voisins. »
« Je me souviens des escaliers et du petit épicier qui était en bas, nous lui " volions " presque immanquablement un fruit. Je me souviens avoir été obligée avec d'autres d'avoir à le lui reporter et lui présenter nos excuses. De la brasserie La Meuse, de la grand'rue et du vieux pont qui m'évoque également une anecdote-.... Nous allions souvent à pied jusqu'au Prisunic à Marcel Sembat pour y dépenser notre argent de poche. Il y avait aussi les sorties et après-midi libres dans Paris le dimanche. »
« L'atelier de céramique et nos gardes du four la nuit, la volière derrière laquelle nous nous cachions pour fumer en cachette. Nous ne suspections pas alors l'immense chance et le privilège que nous avions de recevoir une telle éducation. Tout nous était offert, le cinéma (qui se souvient de la salle Wagram ?), le théâtre (qui se souvient du Récamier ?), les concerts " les Musigrains ", les musées, les conférences, les sorties pour voir de plus près une cathédrale gothique, une église romane ou un barrage... ou le fournil du boulanger.. »
« Tant de souvenirs me reviennent »
« J'avais cherché sur Internet, il y a quelques années des traces de ce passé et n'y avais rien trouvé. Je craignais que l'histoire de la Maison d'enfants de Sèvres ne soit tombée dans l'oubli. Il n'en est rien bien au contraire et je serais très heureuse de pouvoir me joindre aux anciens et d'apporter aide et témoignages dans toute la mesure de mes moyens. »
« P.S. J'ai par ailleurs cherché et trouvé peu de documents soit une photo - je suis la première petite fille sur la photo et ne reconnais pas à l'exception de ma sœur derrière les petits garçons du groupe. Serait-ce Plumette contre le mur et Akéla à droite ? et une petite publication (cf pièces jointes) titrée " des enfants dans leur maison ", et éditée semble-t-il à l'occasion du Xème anniversaire. Les textes sont déjà sur le site et quelques photos dans l'album de Jabiru. Toutefois, si l'association ne l'a pas déjà, il est à votre disposition. »
Danielle Lewis-Bendaoud
Lire aussi deux témoignages sur la Maison :
En 1946, nous étions trop désorientés, mon frère et moi… (extraits du livre "Un arbre en Israël" de Gilbert Martal),
…Elle restait là des heures entières… (extraits du livre "Une fille sans histoire - roman" de Tassadit Imache).
et
Une école pas comme les autres - (1971-1974) - Annie Labbe
La Maison de Sèvres et les cadeaux de son enseignement - (1945-1949) - Michel Leleu
Jeannine se souvient - (1947 - 1950) - Jeannine Granvilliers