Scène…pas tout à fait vraie. (Ne nous faisons pas poursuivre pour divulgation du secret professionnel !)
Goëland — Docteur, je n'en puis plus. Je suis malade, j'ai la fièvre… Une crise de foie… Ma mémoire s'en va… À propos, j'oubliais de vous dire que j'ai dégringolé l'escalier et me suis fait une fracture. Je souffre d'une façon abominable. Le chirurgien a le front de me prescrire l'immobilité !
Que faire ! Que faire ! Il faut pourtant bien tous les jours descendre l'étage de mon appartement et remonter deux étages de l'école pour continuer mes cours.
Le Docteur — Chère Madame, soignez-vous, vous êtes brûlante de fièvre. Nous allons tout d'abord soigner l'infection par les antibiotiques.
Goëland — Des piqûres… Jamais !
Le Docteur — Un traitement par voie buccale peut être efficace.
Goëland — Avec mon foie, vous n'y pensez pas, docteur !
Le Docteur — Il faut au moins vous remonter…
Goëland — Les remontants sont des stimulants, les stimulants des excitants. Déjà, je ne dors pas !
Le Docteur — Dans ce cas, je vous prescris un soporifique.
Goëland — Je suis assez abattue comme cela !
Le Docteur — Enfin, avec votre fracture, vous vous tiendrez au lit pour trois bonnes semaines !
Goëland — Le docteur est fou ! ! ! Désiré et Philomène se marient après-demain à la mairie du Ve; les examens sont dans quinze jours, la fête dans trois semaines ! Une fois de plus, tout sera raté ! Hélas, hélas, hélas…
(En catimini) — Heureusement les médecins (comme quelques pédagogues d'ailleurs) sont des ânes. J'ai fait mon devoir, j'ai perdu une demi-heure à consulter. L'ordonnance est écrite… Inutile et même nuisible de la suivre…
De fait, malgré l'ire de Pingouin et l'indignation de Mme Person, Mme Hagnauer, clopinante, descend et remonte ses étages. La fièvre tombe, la fracture se consolide. Tous les enfants sont brillamment reçus aux examens. La Maison fête joyeusement un nouveau jeune ménage rayonnant. Tout est mieux réussi que jamais…
Cette scène, qui frôle la vérité, peut se situer à Bellevue comme à Sèvres dans les années 50 à 61. Elle illustre le don total de soi-même, des forces physiques comme de toutes les facultés mentales, qui chaque jour renouvelle la vie de « La Maison ».
Que les enfants de la Maison ne croient pas que cette méthode puisse réussir à d'autres qu'à Göeland… J'ai toujours pensé que des miracles se faisaient à Sèvres. Demandez à Pingouin son opinion.
(fréquentant régulièrement la Maison depuis 1949)
Notes de Pedrot, Gambau, Marmotte, Odier-Delfuss, :
Une brassée de souvenirs 1941 - 1961
Marmotte (radiographe dentaire)
Le Docteur est fou
Victor Gambau, Premier économe de la Maison
Fragments de notes d'Yvonne Hagnauer :
Les cartes d'alimentation…
Les temps difficiles…
L'Aide à la Maison de Sèvres par L'Unitarian Service Comittee of Canada
Lire sur le site sevres-pratique.com :
Une enseignante de la Maison de Sèvres pendant la guerre
Regards de Michel, d'Annie et d'Ancien(ne)s :
La Maison de Sèvres et les cadeaux de son enseignement
Une école pas comme les autres - (1971-1974)
Témoignages d'Anciennes et d'Anciens
Texte d'Hughette, :
Un devoir à rendre - (4 juin 2005)
Texte de Catherine, :
Maman Pé - (2002)