Sommaire

À propos du Mime Marcel Marceau

Les hommages unanimes et dithyrambiques que les médias rendent à Marcel Marceau sont appréciés de tous et en particulier de nous, Anciens de la Maison d'enfants de Sèvres qui avions comme professeur d'art dramatique « Kangourou » devenu après la guerre « Marcel Marceau ».

Notre Kangourou avait une imagination débordante et nos deux heures hebdomadaires de théâtre reprenaient souvent les exercices de la semaine précédente, exemple :

— ouvrir une armoire et y faire sentir le goût de moisi qui s'en dégageait, à tout le groupe, prêt à refaire ce même exercice, qu'une seule élève parvenait généralement à réussir.

Cet exercice d'art dramatique était parfois suivi d'une scène comique extraite des « Oiseaux » d'Aristophane. Il aurait fallu être une centaine d'élèves pour interpréter les quelque cent oiseaux que comptait l'œuvre avec tout le sérieux nécessaire que seul le coryphée comique « aux joues bien pleines » (les miennes) parvenait à conserver.

Marcel Marceau nous amusait et nous enchantait tous par les démonstrations de son talent tel que l'évoqua Gilbert Martal, ancien élève de Sèvres dans son livre « Un arbre en Israël » dont nous donnons ci-après un extrait :


« Las de mentir, un jeune acteur mimait la vie : la mer houleuse, le panaris, les sept sentiments, la marche contre le vent. Il écrivait le ciel de ses doigts qui volaient comme des tourterelles. Ses mains fines l'emmuraient dans une cage de verre qui rétrécissait ; quand il brisait la cage et qu'il se croyait libre, il était prisonnier d'une plus grande, oppressé de nouveau. Il nous apprenait à marcher sur place en coulant rythmiquement un pied sur l'autre, à courir sur une jambe immobile en balançant l'autre. Après la guerre, il ne craignait plus que les oreillons. Sa magie muette opérait sans barrières. Cet inconnu s'appelait déjà Marcel Marceau, dans la clandestinité, quand il passait à vingt ans des enfants pour l'O.S.E. »

le 25 septembre 2007 — Fortunée Metz

Ancienne élève de la Maison d'enfants de Sèvres

Caravelle (lino)

retour au début du texte