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Des Méthodes…

par Yvonne HAGNAUER (Inédit à notre connaissance)


Hors de la "serre chaude" de Stern, il y a la vie, l'héritage transmis et à transmettre, la nécessité impérieuse de se renouveler en puisant dans les sédiments de cette "Culture" (pourtant si décrié…), où le progrès plonge ses racines. Tous les enfants ne sont pas "Pascal", tous ne retrouveront pas "les propositions d'Euclide" ou "les lois de la composition", Ieur est-il donc défendu d'aller plus avant dans les chemins de l'expression ?

L'apport de la technique pour l'enrichissement de l' "expression"

Si nous estimons que l'apport de la technique est indispensable à tout enrichissement de l'expression, (à une étape du développement de l'enfant qui peut varier avec le degré de maturité de celui-ci, et dont l'éducateur est seul juge), ce serait une erreur de croire que le jeune "créateur" ne pourra se mouvoir qu'à l'intérieur de structures qui jugulent ou emprisonnent son élan. Si nous n'acceptons pas la non-directivité inconditionnelle de certains, c'est qu'elle est surtout le fait d'une attitude d'esprit, d'un parti-pris d'opposition à toute règle, facile en soi.

L'attitude de l'éducateur (qui n'est point un spectateur passif de l'évolution de l'enfant) est infiniment plus nuancée, car il n'est pas sans se poser des problèmes :

1° - à quels moments de l'éducation de l'enfant ou de l'adolescent la non-directivité doit elle être totale ?

2° - quand doit-on (pour ne pas perdre ce trésor irremplaçable de l'expression sincère) apporter le support de la technique ?

3° - quel est, en général, l'age le plus favorable à son acceptation ?

C'est tout l'art de l'éducateur de déterminer ce moment, car, si l'éducation est science, eIle est aussi instinct affiné, intuition subtile : aller au devant du besoin, avant que l'enfant ait le sentiment de son impuissance, fournir la structuration au moment où elle est nécessaire, cela par de si habiles suggestions qu'elles donnent au jeune le sentiment d'une découverte, d'une conquête personnelles.

Soit dit en passant, et c'est ce qui explique en partie le procès fait à toute intervention de l' adulte, nous avons vu trop de jeunes rebutés par la manière maladroite ou dogmatique avec laquelle on leur présentait les règles de toute écriture structurée d'une des formes quelconques d'expression… Il ne leur restait plus, par une opposition - stérile d'ailleurs - qu'à reproduire indéfiniment les mêmes schèmes en perdant l'élan vital propre à toute expression personnelle et à toute manifestation d'art…

Chapitre II - Les ateliers

"Il ne faut pas considérer le système de la liberté comme, une capitulation, une attitude passive, indifférente de la part de l'éducateur, mais, au contraire, une attitude positive, s'exerçant plus ou moins directement sur l'enfant, surtout par la manière d'être, l'exemple de l'éducateur et l'organisation de l'ambiance"

O. Decroly

Ai-je suffisamment insisté sur le libre choix des ateliers au début de chaque année scolaire ? : deux ou trois au plus, avec comme seule condition une fréquentation régulière, facilitée par l'emploi du temps périscolaire de la plupart d'entre eux, l'internat autorisant des combinaisons très larges d'horaires.

Faisons-en donc une fois encore l'inventaire : imprimerie, dessin, tournage, modelage et décoration; éducation musicale, chorale et instrumentale (instruments à percussion, à vent, à cordes, cuivres) ; éducation physique et corporelle, rythme, folklore, jeux dramatiques, auxquels s'ajoute "l'Atelier" tout court avec l'éventail largement ouvert de ses activités manuelles : peinture sur soie, tissage, couture, broderie : des premiers points maladroits à la confection d'un vêtement, où la qualité et la personnalisation de la recherche décorative ennoblissent la précision un peu stricte, mais voulue par la mode, d'une coupe standardisée.

L'Imprimerie .

Ici est composé "Voile au vent"

Tous les jours d'exposition, l'imprimerie est ouverte… isolée dans son pavillon, elle est le refuge des artisans silencieux, patients, méticuleux même, et qui tiennent entre leurs doigts déliés les caractères à l'éclat argenté, et le composteur, couramment employés dans les petites imprimeries arttsanales, les "silencieux"qui ont choisi de se diriger vers l'atelier de "Cicero" , successeur de Monsieur Gambau et qui eut, tout comme son prédécesseur , ses quartiers de noblesse à l'Imprimerie Nationale.

Ici, les jeunes imprimeurs reproduisent, décorent en activant leur gouge sur le lino, les textes .. qui affluent, venant de tous les centres d'activité de la Maison, du nom des nouveaux élus au Conseil d'Administration de la "Coopérative" ou du "Bulletin" , aux productions libres de toutes les classes : réflexions spontanées après une visite ou un voyage, graphiques, cartes d'invitations, en bref tout ce qui peut animer la vie intense d'une vraie communauté, même dans ses besoins les plus utilitaires… ("l'intérêt naît du besoin" disaient Claparède et Decroly).

Leur Journal "Voile au vent" est le lien entre la Maison et le monde, monde des correspondants, de tous ceux qui s'intéressent à elle, de la trop éloignée Madame Lotta Hitschmanova aux plus proches et dont certains jouent le jeu des totems "Papy Nounours", et bien d'autres encore…

Mais ce qu'il y a de plus émouvant, et ce qui demeure dans les traditions de la Maison, comme un témoignage d'amour fidèlement transmis de génération en génération, c'est la joie qui éclate et rayonne à chacune des grandes fêtes, et dont "Voile au vent" porte chaque année témoignage avec une touchante fidélité.

La céramique

Travailler la terre, un art vieux comme le monde…

Clest dans le sous-sol largement éclairé que se tient Ilatelier de tournage céramique: deux tours à pied, l'un qui fut installé au début du fonctionnement de no.tre Maison par Monsieur AUBURTIN, l'autre,&on d'un artisan potiecl<~~ dont la roue est usée par le geste régulier et patient du pied" deux fours à cuisson et émaillage, le petit, souvent utilisé pour les essais, l'autre qu'on remplit avec une sorte de frénésie joyeuse au ., moment des ventes et des expositions

On resterait des heures devant le tour, à voir s'élever', puis s'écraser ..... la forme, pour la voir se redresser encore, slépanouir en calice, ou se ,,'}; fermer à demi comme pour cacher étroitement le trésor qu'elle recèle: pureté, fragilité des formes crues qu'~n pouce maladroit pulvériserait.. , et que d~ n oeil averti le professeur de tournage Monsieur BEAUMONT surveille, comme pour ne pas troubler le jeune apprenti artisan qui Gpère la montée d'une forme

Ailleurs, on s'affaire: on moule avec soin les masques africains vus au If Musée de l'Homme, ou de petits bour en prièr;,mains jointes, au- '/' dessus d'une fleur de lotus

,Cette année, , mode sans doute; , depuis les multiples expositions venues " " d'Orient, , ou encore à cause de la précision et de la sobr.iété des formes, ' les enfantS réalisent volontiers des vases japonais •• si les Occidentaux ,1 ~'" aime.-'7tleci J'le,ur.s ,!.J/us que le traIe '01'-''-; /~:s cJb/'?f/e'lf, 7- i', / 13 1 / le' ,- - IR 9 N tj:J P Ol'J-<' recherchent ceux qui s'adaptent dél icatement aux fleurs Il 1 e s 1 k é b'~ n a s Il , Voici un"'soliflore'l qui élève avec grOce son col mince, un jardin japonais dont la vasque largenl,ent ouverte laisse voir, parmi les minuscules cactées, le petit pont, les lanterfles, les personnages vêtus du traditionnel kimono

Ici, les élèves de 6ème et 5ème modèlent des animaux observés eu~ au cours d'une promenade au Zoo avec"G isèlellet "Blaireau.ri ils ont projeté un jeu d'échecs où les tortues, les éléphants, les loutres, les lions, les singes seront respectivement les pions, les chevaliers, les tours, les rois, les fous •• pièces dlun jeu si recherché qu'il maintint le monde en haleine , au cours dlun interminable tournoi

Mais, ce qui est le plus passionnant pour l'éducateur, c'est d'entrer dans le secret de l'atelier libre" il Y a toujours un anniversaire à Célébrer, des obj ets à réaliser pour l'exj>osition de fin dlannée, chacun cherche " Il i n spi ra t ion ~ emmitoufle son ébauche d'un linge tremp~en soupirant~ ," car la fin du cours s'annonce. ,1etons un coup d'oeil sur les créations, , certains ont déjà une vocation de sculpteurs" sur une tournette, trois longues formes s'étirent, leur titre? Il 1 a t roi s san ce" " je me suis, dit l'auteur, inspiré de GIACCOMETTI, , un autre garçon s'efforce de fixer le mouvement "p ris a u vol" si l'on peut dire, du coureur,. les modèles sont là, dans la cour, sur le plateau d'éducation physique, qu'il voit de la fenêtre, , et sa main impatiente cherche à fixer le bond, l'élan

Un autre encore, tête baissée quitte à regret la statuette dl inspiration orientale qulilmodèle d'un pouce appliqué "Méditation dans la position du ·Zen"

D'autres décorent ou gravent des carreaux,. y fleurissent des reproductions de peintres modernes, s'y inscrivent des dessins de Victor HUGO (liaison . encore entrei l'atelier de dessin et de céram ique

Tel~ ébauche sur le tour, le lécythe où s'inscrira en noir sur blanc, .. Orphée tenant en mains, symboliquement, sa lyre

Cet autre découpe avec minutie un pend~tntif péruvien

Comment ne pas opérer un retour sur le passé" mêmes recherches dans les ateliers, même enthousiasme, et voilà qu'il me vient le désir de , raconter une simple histoire:

'" Il était une fois deux petites filles., cela commence comme un conte de Mme Lucie DELARUE-MARDRUS" L'une d'elles, Simone, trouvait dans l'art du tissage des-agencements délicats, insolites, marqués dlun goOt très sOr, elle fit une thèse sur{Jes Gobelins-A~ Manufacture Nationale ,.» ' .L'autre, Gisèle,~ après une visite de "PEVII (traduisez Paul-Emile VICTOR) modela de petits esquimaux patinant sur le miroir d'un lac, , e Ile entra à la Manufacture de Sèvres, et ·toutes deux, après un long et délicat apprentissage, revinrent à la Il Ma ison Il pour transmettre cet héritagede<sàvôir et d'amour qu'elles y ont reçu

N'est-ce pas une preuve, parmi dlautres, du pouvoir, 'de Ilemprise que ';,.SEVR~S exerce sur ceux et celles qu'elle adopta?

L'atelier libre de dramatisation

" 2 1 7 2 " fi c t ion 0 u réa' 1 i té?

Je vien~ de lire le scénario, présenté le 8 Juin 1972, ~ l'issue d'une visitè"de la Maison par nos amis du LYON'S CLUB - et créé par 18 élèves de 4ème et de 3ème qui fréquentent librement l'atelièr de jeux dramatiquesv. après l'avoir vu jouer. Le titre en explique en partie le texte, dans son laconisme: "2172".

Franchie, l'étap~terrifiante du 2ème millénaire, et nous sommes projetés dans un univers sans chaleur et sans joie en un moment dramatique de la vie de notre planète

Au cours d'une réunion des délégués des 5 continents - où chacun expose les travaux entrepris pour batir - non point des HLM, mais des" corn pie x e s de, s't 0 c k a g e des uni tés hum a i n es" établis sur les terrains gagnés par!la destruction des montagnes (aplanissemrt des Rocheuses et de la Cordil{ïère des Andes), par exemple, le président dévoile le but caché de cette convocation : que faire pour la zone X 24 ? un taux de radio-activité en hausse constante sur ce territoire" aucun moyen de I.'enrayer : on appelle X 24 : le silence, la mort, et le mot de la fin du délégué d'Asie: "A qui 1 a fa u te" ?

Nul doute que dans ce texte d'une sécheresse voulue, il y~des réminiscences de ces romans de "s cie n c e - fi c t ion" que la collection Marabout répand parm i les jeunes, nul doute "que l'apport 9'! çirlé'11<!"~t~de)a.,~TY", ~i;~[jQUéJeur~. _ ~'Î'ôle dans la création de ce scénario, aussi bien que le "Meilleur des '}o' mon des" du grand Aldou~ HUXLEY dont la lecture ava,it d'ailleurs été recommandé par "S 1 ROC CO" , Nous ne pouvons donc parle~ et leur "a ni mat eu r" en .... sera (J'accord avec moi, de créativité totale, Mais il ne saurait, à cet age, y avoir de mouvement spontané de création, sans apport i" de l'extérieur, en l'occurence des grands mouvements de pensée, et des grands problèmes que pose le rythme accéléré du progrès

Ce texte est intéressant, à plus dlun titre: psychologiquement d'abord; il ,slagirait (et ?IROC<:.Q, l'a sOrement fait), en interrogeant chacun des partici\ pants, de discerner, au hasard de la conversation ce qui, dans ce texte qui culpabilise tous les adultes, est la part de l'imitation, du jeu, c'est-à-dire du jonglage avec les idées et les mots, et du "t r agi que v rai" ?

Et malgré moi, je songe à la plainte éternelle de~'Troyennes," arrachées à leur lieu de naissance, à la vieille Hécube qui finira ses jours chez un maitre abhorré: sanglots, gesticulation, cris, lacération du visage

Devons-nous comprendre (tout nous y pousse; hélas l,), que c'est au fond)a ~, même angoisse devant l'inéluctable destin, mais que le mode d~xpression: de la douleur a changé? une apparente impassibilité, un mépris, aussi grand pour les victimes de, la radio-activité que celui des vainqueurs pour Troie

C'est la même angoisse, mais ici, il n'est ni implorationç à la Misé- , ricorde, ni Dieu compatissa'nt.

Est-ce le fait d'une jeunesse qui ne parvient pas à se débarrdsser de ,_ ses phantasmes devant la cadence vertigineuse du progrès?

Mais, si ce jeu cache, comme je le crois, une angoisse rée Ile, il est aussi le reflet dlune expression toute moderne, qui se traduit par une grande solidité dans la construction, et une grande économ ie de mots, . et je souligne, économie n'est pas indigence, car le vocabulaire ' .. technique est toujours employé à bon escient, toujours maîtrisé.

Tous les problèmes sont évoqués avec une inconsciente férocité jeune: r a c cou r c i s sem e n t dei a vie 0 usa s u p pre s s ion ? pour , ces "u nit é s hum a i ne s" stockées dans Ilanonymat de la zone X 24 ? c'est la marque de la sincérité du travail

A noter encore que ni SIROCCO, ni les enfants - et' c'est fort louable - , , n lont cédé à la tentation "d 1 ha bill e r "le texte,. aucun artifice,: lumières ou costumes pour en intensifier les effets

C'est lé "j e u'n u Il et pour ce,sujet, c'est bien qu'il en soit ainsi.

Dessin

Les ateliers de dessin

Il serait regOrettable ,de paraphraser ici l'exposé des professeurs qui' conduisent leurs ateliers avec la compétence qu'on sait et de faner l'intérêt des lecteurs de notre Bulletin par une intervention inutile. Nous considérerons donc seulement l'apport du dessin et de la couleur à l'édu-,i" cationgénérale "c'est-à-dire à Iienrichissement de -', llenfant et de Iladolescent"

Visitons donc, dans cette école, si claire au-dedans, deux salles dlex- s~ position au 1er étage: l'une qui présente les résultats de cet ensei- " . gnement, l'autre " Il a tel i e r 1 i b r e" et son enchantement,

Je ne puis mlempêcher, malgré la promesse que je me suis faite, de . " pi Il e r Il l'exposé si dense dl "A z ur" , parce que l'avertissement qu'elle nous donre devrait figurer en gros caractères dans les expositions de travaÙ,x de jeunes quels qulils'soient :

"I1 n 'y aura compréhension possible de l'art enfantin que lorsque l'adulte renoncera à prendre pour base sa manière personnelle devoir les choses, et à la proclamer valeur absolue".

Nous sommes donc avertis : nous n'entrons pas dans l'ate 1 ier de Il des sin 1 l i b r e Il pour confronter nos goûts et jugements d 'adu Ites à ceux des enfants, m~is pour trouver dans leurs réalisations une expression sincère, et dans Il l'a tel i e rd' é t u d e Il , l'utilisation des techniques propres à leur permettre de traduire cequlils ressentent. Tout Ilart de l'éducateur apparaît ici dans les moyens mis en oeuvre.

1\ est je crois, inutile de préciser que le dessin est à la Maison de Sèvres l' un deuxième langage: ce besoin inné chez le petit enfant est encouragé tout au long de la scolarité: on ne saurait concevoir une visite, une enquête quelconque, sans le carnet de croquis qui voisine avec le carnet : de notes, il est fixation d'observations, d'informations,de souvenirs: il n'est pas que cela, et rien n'est plus heureux pour tenter de l'exprimer que de prendre des exemples dans la salle des travaux faits sous l'égide du professeur,

Sur le mur blanc, une reproduction d'assez grand format du tableau de MODIGLIANI liA 1 i ce Il , à la composition apparemment simple dans sa sobriété voulue, sauf peut-être dans les recherches de tonalités de bleu. Entraînés à l'analyse, les enfants trouvent les 2 figures ovales de la com- It position: le visage allongé, et la ligne aux courbes adoucies des bras et des mains qui se croisent au giron; la recherche slopère presque instinctivement : proportions de la tête par rapport à l'ensemble du tableau, exécution de mémoire, mais (test de compréhension) dans un autre format

De nombreux travaux sont exposés et parmi des réalisations, inégales d'ailleurs, et dont un psychologue tirerait grand intérêt, cette maladresse émouvante des jeunes qui se traduit, ici, par une hardiesse incontrôlée, là par un trait plus sensible et moins sec que celui du modèle.

On sent, dans les présentations, une recherche constante pour varier les exercices, sérier et doser les difficultés: par exemple, tel enfant prendra la pose d'Alice dans le tableau; il faudra en retrouver les proportions, les lignes générales, avec des variantes introduites dans tel ou tel détail, faire abstraction de la cou leur, modifier les formats.

Même recherche, plus difficile cette fois, dans la mise en place des i , Il so 1 e ils Il inscrits dans un trapèze: étude des différentes valeurs de 1 jaune, du vase de terre à la têiche orangée des fleurs, puis, exercices de recherche dans la h"iérarchie des valeurs, en modifiant la couleur do- rI m inante ; rouge ou gris par exemple.

Dans un des travaux de mémoire exécutés par certains enfants d'après ilia nuit étoilée" de VAN GOGH, on retrouve la vision en volutes si chère au peintre .. Ainsi, indépendamment de l'éducation de l'esprit: sens des proportions, de l'équilibre des oeuvres, initiation à la hiérarchie des valeurs, on arrive à la compréhension du génie propre de chaque peintre c'est-à-dire la sensibilité artistique.

L'atelier libre

Dans une notice expl icative affichée sur le mur qui fait face à l'entréfJ de la pièce "AZ UR" a exposé les buts que se propose l'atelier libre où' l'intérêt natt de la diversité, voire rw6Me de l'humour un peu cocasse 1 de certains, tel celui qui mit les., pieds dans le plat de couleur verte ~ et plaqua sur la feuille vierge ses empreintes.

Après tout, la peinture au doigt, premier réflexe enfantin, est très en ': vogue chez les Américains "f i n g e r pa i nt" , pourquoi pas celle des orteils" boutade et facétie.

Mais l'impression qui demeure est souvent celle de l'angoisse" on peut· ; se demander ce qu'un psychanaliste penserait de certains travaux tels \ que ilia liberté transformée en mort" avec un soleil rougeoyant qui se couche sur un cimetière, ou encore" uni n c end i e ",.} "u n arbre dé r a c i né" quireçoit sur son tronc mort les derniers rayons d'un soleil Il no y é dan s sons an g qui s e fi g e Il , romantisme de la mort? pessim isme larvé propre à l'adolescence? •• virtuosité dans Ilexécution dlun sujet? désir de frapper les spectateurs, ou bien richesse intérieure insoupçonnée de tous, même de. leurs auteurs, et qui émerge des profondeurs de l'inconscient •• ?

Educatio,n musicale

"Toute émotion est musicale, Le rythme exprime le choc de l'émotion et son évolution cadencée. , Le rythme marche, court, se préc ipite, se brise, , 'Q uiconque invente un nouveau rythme fait circuler le sang de nos ve ines se Ion un mode nouveau, Il est martre de nos pulsations, il en apaise ou il en active le cours"

- GOETHE -

A la Maison de Sèvres, dans ces interm inables années du Il bl a c k - 0 ut Il , dès 1941 déjà, on chantait, durant les nuits d'alerte et les bombardements, on chantait" et pourtant, . chacun des enfants et des adolescents qui nous ),-' était confié avait au coeur une angoisse sourde qui ne cessa pas, hélas avec la guerre, mais on peut dire que, indépendamment des émotions esthétiques qU'éveille ,la musique, elle eut un rôle cathartiqueréèl, puislelle sortit d'eux'-mêmes des' enfants trop murés dans leur douleur et qui laient slisoler des, autres., . - 18 -

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Caravelle (lino)